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Belle Catherine - Бенцони Жюльетта (смотреть онлайн бесплатно книга txt) 📗

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Le soir allait tomber et les quelque huit lieues separant Aurillac de Montsalvy s'epuisaient sous les sabots rapides des chevaux. Arnaud ne pouvait plus retenir son impatience et le grand etalon noir, quand son maitre avait vu surgir de l'horizon brumeux, imprecise comme un mirage, la tour romane d'une eglise au- dessus de murs sombres, avait pris le galop. Derriere lui, Morgane volait litteralement, le panache eclatant de sa queue flottant joyeusement tandis que les pierres du chemin sautaient sous ses sabots. Gauthier et Fortunat etaient demeures en arriere, aupres de Sara. Chargee de Michel, l'excellente femme ne pouvait s'offrir d'autre allure qu'un trot paisible.

Emportee par la griserie de la course, Catherine talonna Morgane. La jument tendit le cou, fonca et remonta le cheval noir a la hauteur duquel elle se maintint. Arnaud adressa a sa femme, rouge de joie et d'excitation, un sourire rayonnant.

— Tu ne me battras pas, ma belle cavaliere ! D'ailleurs, tu ne connais pas le chemin, cria-t-il dans le vent.

— C'est le chateau, la-bas ?

— Non... C'est l'abbaye ! Les maisons du village sont massees entre elles et le puy de l'Arbre ou est notre maison. Il faut prendre un chemin, a gauche, sous les murs du monastere, s'enfoncer dans le bois. Le chateau est au flanc du puy et, des tours, on domine un immense paysage. Tu verras... tu auras l'impression d'avoir l'univers a tes pieds.

Il s'interrompit parce que la rapidite de la course lui coupait le souffle. Sans repondre, Catherine sourit, poussa encore sa jument. Morgane donna tout ce qu'elle pouvait, depassa le cheval. Catherine eclata de rire. Distance, Arnaud jura comme un templier. Ferocement eperonne, l'etalon bondit, passa comme un boulet de canon... Les murs de l'abbaye se rapprochaient. Catherine pouvait distinguer les toits des maisonnettes de lave du petit bourg. Brusquement, Arnaud obliqua vers la gauche, delaissant le grand chemin pour un etroit sentier qui se perdait dans les arbres. Elle se retourna, vit que les autres etaient encore loin.

— Attends-nous ! cria-t-elle.

Mais il ne l'entendait plus. L'air du pays natal qu'il n'avait pas respire depuis plus de deux ans l'enivrait comme un vin trop riche... Catherine hesita un instant : allait-elle le suivre ou bien attendre les autres ? Le desir d'etre avec lui l'emporta.

D'ailleurs, d'ou ils etaient, Gauthier, Sara et Fortunat ne pouvaient pas du chemin sautaient sous ses sabots. Gauthier et Fortunat etaient demeures en arriere, aupres de Sara. Chargee de Michel, l'excellente femme ne pouvait s'offrir d'autre allure qu'un trot paisible.

Emportee par la griserie de la course, Catherine talonna Morgane. La jument tendit le cou, fonca et remonta le cheval noir a la hauteur duquel elle se maintint. Arnaud adressa a sa femme, rouge de joie et d'excitation, un sourire rayonnant.

— Tu ne me battras pas, ma belle cavaliere ! D'ailleurs, tu ne connais pas le chemin, cria-t-il dans le vent.

— C'est le chateau, la-bas ?

— Non... C'est l'abbaye ! Les maisons du village sont massees entre elles et le puy de l'Arbre ou est notre maison. Il faut prendre un chemin, a gauche, sous les murs du monastere, s'enfoncer dans le bois. Le chateau est au flanc du puy et, des tours, on domine un immense paysage. Tu verras... tu auras l'impression d'avoir l'univers a tes pieds.

Il s'interrompit parce que la rapidite de la course lui coupait le souffle. Sans repondre, Catherine sourit, poussa encore sa jument. Morgane donna tout ce qu'elle pouvait, depassa le cheval. Catherine eclata de rire. Distance, Arnaud jura comme un templier. Ferocement eperonne, l'etalon bondit, passa comme un boulet de canon... Les murs de l'abbaye se rapprochaient. Catherine pouvait distinguer les toits des maisonnettes de lave du petit bourg. Brusquement, Arnaud obliqua vers la gauche, delaissant le grand chemin pour un etroit sentier qui se perdait dans les arbres. Elle se retourna, vit que les autres etaient encore loin.

— Attends-nous ! cria-t-elle.

Mais il ne l'entendait plus. L'air du pays natal qu'il n'avait pas respire depuis plus de deux ans l'enivrait comme un vin trop riche... Catherine hesita un instant : allait-elle le suivre ou bien attendre les autres ? Le desir d'etre avec lui l'emporta.

D'ailleurs, d'ou ils etaient, Gauthier, Sara et Fortunat ne pouvaient pas pont-levis. C'etait tout ce qui restait du chateau de Montsalvy...

Le cri funebre d'un corbeau, tournoyant dans le ciel pale, tira Catherine de l'espece d'hebetude ou ce spectacle l'avait jetee. Elle regarda son mari. Arnaud, toujours en selle, semblait frappe par la foudre. Aucun trait ne bougeait dans son visage bleme aux prunelles dilatees. Seules les meches noires de ses cheveux que le vent faisait voltiger lui pretaient encore quelque chose d'humain. Pour le reste, c'etait une statue de pierre, sans regard et sans voix.

Epouvantee, elle s'approcha de lui, toucha son bras.

— Arnaud !... murmura-t-elle... mon doux seigneur !

Mais il ne l'entendait ni ne la voyait. Le regard fixe, il descendit de son cheval. Comme dans un cauchemar, Catherine le vit s'approcher des ruines d'un pas saccade d'automate. Il se dirigeait vers quelque chose que, dans sa stupeur, elle n'avait pas remarque immediatement : un grand parchemin d'ou un sceau rouge coulait, comme d'une blessure, au bout d'un cordon, et que quatre fleches crucifiaient sur les decombres. Le c?ur de la jeune femme manqua un battement et elle retint sa respiration... Elle vit Arnaud escalader quelques pierres, arracher le parchemin, le parcourir des yeux. Puis, comme un chene deracine par le vent, il s'abattit, face contre terre, avec une rauque clameur qui retentit jusqu'au fond de l'ame de Catherine.

Le gemissement de la femme fit echo a celui de l'homme. Elle sauta a bas de sa monture, courut a son epoux, se laissa tomber a genoux aupres de lui, essayant de detacher les mains crispees qui s'etaient agrippees a deux touffes d'herbe seche et s'y cramponnaient. Peine perdue ! Tout le corps d'Arnaud etait tendu en un spasme nerveux que les forces de la jeune femme ne pouvaient vaincre. Avec des gestes d'aveugle, elle tatonna machinalement pour arreter le parchemin que le vent allait deja eloigner, le saisit, essaya de lire, mais la nuit venait maintenant et elle ne put dechiffrer que la premiere ligne ecrite en gros caracteres « De par le Roy... »

Maintenant, Arnaud sanglotait, la figure enfouie dans l'herbe, et Catherine, bouleversee, tenta encore de le redresser pour lui donner le refuge de ses bras, de son epaule.

— Mon amour !... suppliait-elle au bord des larmes... Mon amour... Je t'en prie !

— Laissez-le, dame Catherine, fit tout pres d'elle la voix rude de Gauthier. Il ne vous entend pas ! La masse de douleur qui s'est abattue sur lui l'a rendu sourd et aveugle au monde exterieur. Mais les larmes sont bonnes pour lui...

La main ferme du Normand l'aida a se relever. Serrant toujours entre ses doigts le parchemin, elle se retrouva dans les bras de Sara qui avait confie le bebe a Fortunat. La bohemienne tremblait comme une feuille, mais son etreinte etait chaude et sa voix assuree.

— Sois ferme, mon petit, souffla-t-elle a l'oreille de Catherine. Il faut que tu sois forte afin de l'aider, lui. Il va en avoir besoin.

Elle fit oui de la tete, voulut retourner a Arnaud, mais Gauthier la retint.

— Non... laissez-moi faire !

Peu a peu, les sanglots convulsifs qui secouaient Arnaud se calmerent. Ce fut le moment que choisit le Normand. Il prit le petit Michel des mains precautionneuses de Fortunat et, a son tour, alla s'agenouiller aupres du jeune homme.

— Messire, dit-il d'une voix que l'emotion etouffait, une antique saga de mon peuple dit : « Tout fardeau qui te sera lourd, rejette-le et sache t'aider toi- meme. » Il vous reste la vengeance... et ceci !

Michel, reveille, se mit a hurler. Catherine se degagea des bras de Sara. Son c?ur battait a se rompre et ses mains se tendaient instinctivement vers l'homme prostre. D'un seul coup Arnaud se redressa. Il regarda tour a tour Gauthier puis le bebe. Son visage, decompose par le chagrin, se crispa. Il prit, entre ses mains, le petit paquet hurlant qui se calma comme par enchantement. Il serra l'enfant contre lui avec emportement, puis son regard revint au Normand. Une farouche resolution y brillait.

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