Catherine Il suffit d'un Amour Tome 2 - Бенцони Жюльетта (книги полностью TXT) 📗
— Je t'aime...
Mais le souffle lui fit defaut. Elle plongea au fond d'un gouffre enorme et noir, delivree enfin de la souffrance, de la crainte, des hommes, seule au fond de la mort avec celui qu'elle aimait...
— J'ai cru que je n'arriverais pas a accrocher ce maudit sac ! fit dans l'obscurite la voix endormie de Jean Son. Il etait tellement lourd !
Heureusement, ma lame coupait comme un rasoir !
Encore a demi inconsciente, Catherine s'etonnait d'entendre, dans la mort, la voix des vivants. Mais quelque chose d'apre et de parfume coula sur ses levres et lui fit ouvrir les yeux.
Il faisait noir et froid, et la-haut, dans le ciel, une grosse etoile brillait...
Mais il faisait si froid ! Catherine se mit a claquer des dents.
— Il faut lui enlever cette chemise trempee, dit encore la voix familiere.
Il y a des vetements secs dans la barque...
Elle comprit neanmoins qu'elle ne revait pas, qu'elle etait sauvee quand elle vit une ombre epaisse se pencher sur elle, entendit la voix d'Arnaud, sentit ses mains qui la depouillaient, lui passaient quelque chose de sec et de moelleux.
— Comment vous remercier, Jean ? Vous avez accompli un miracle en nous tirant de la. Cela tient du prodige ! disait-il.
Mais non, mais non, fit l'autre en riant... J'ai assez de relations chez les Anglais pour avoir pu me renseigner. J'ai su ce qui vous attendait et je me suis glisse a l'eau, sous le pont, la ou l'on jette habituellement les condamnes. Evidemment, j'avais un peu peur d'etre rouille. Il y a longtemps que je ne nage plus. Mais j'ai eu la chance d'accrocher votre sac et de le fendre sur toute sa longueur. Il est au fond de l'eau, maintenant, et vous bien vivants, c'est tout ce qui compte !... Maintenant, partez vite !... Il faut mettre autant de chemin que vous pourrez entre vous et Rouen d'ici le jour. La barque est solide. Il y a une perche, de l'or, des vivres... Vous n'avez qu'a remonter jusqu'a Pont-de-L’arche, puis gagner Louviers. Je vous laisse !
Bonne chance !
— Merci encore ! murmura Arnaud.
Peniblement, Catherine se redressa. Elle etait assise
dans une barque et dans l'ombre, elle sentit que les bras d'Arnaud l'entouraient, l'enveloppaient de leur force. Sur la berge, une silhouette replete s'eloignait.
— Est-ce que... nous sommes vraiment sauves ?
Elle devina son sourire dans la nuit, sentit la chaleur de ses levres sur ses yeux.
— Mais oui ! Sauves, libres.... C'est merveilleux !
— Mourir ensemble aussi, c'etait merveilleux...
Le rire d'Arnaud, le rire d'autrefois, plein de force
et de gaiete, mais ouate de prudence, tinta a ses oreilles.
— On dirait que tu le regrettes ?
— Un peu, soupira Catherine... C'etait beau ! Qu'allons-nous faire, maintenant ?
— Nous allons vivre... et etre heureux ! Nous avons un tel retard a rattraper.
Il s'etait leve et, le suivant des yeux, Catherine vit sa silhouette vigoureuse se decouper en noir intense sur la nuit. Il detachait la barque cachee parmi des roseaux, cherchait la perche, l'enfoncait dans l'eau et, d'un effort puissant, lancait le bateau dans le courant. Quelque chose de blanc passa au-dessus d'eux avec un cri desagreable puis piqua droit dans l'eau noire.
— Qu'est-ce que c'est ? demanda Catherine.
— Une mouette. Elle peche... Je t'apprendrai aussi a pecher quand nous serons a Montsalvy.
— A Montsalvy ?
— Bien sur ! C'est la que je t'emmene !... Chez moi, chez toi, chez nous...
Je n'oublie pas le compte que j'ai a regler avec Cauchon mais d'abord il faut batir notre bonheur. Il y a trop longtemps que nous l'attendons.
Une joie profonde envahit Catherine. Elle s'etendit au fond de la barque, apaisee, heureuse, laissant le bateau glisser au fil de l'eau. Pour la premiere fois de sa vie, elle decouvrait le bonheur de ne plus decider de soi, de laisser une force plus puissante et plus douce vous emporter. Elle ne regrettait plus les noces mortelles. Au bout de ce chemin de nuit et d'eau, il y avait la vie a deux... La vie avec le seul homme qu'elle eut jamais aime. Tout etait bien !