Belle Catherine - Бенцони Жюльетта (смотреть онлайн бесплатно книга txt) 📗
— Il y a bal au palais !.... enfin, bal comme l'entend le Grand Chambellan, c'est-a-dire ce genre de fete aupres de laquelle une bacchanale est une distraction de couventine. A cette heure, tout le monde doit etre superbement ivre. Mais c'est quand il est ivre que La Tremoille est le moins dangereux.
Une heure plus tard, Catherine etait assise sur une sorte de chaise curule dans le cabinet de Jacques C?ur aupres d'Arnaud installe a ses pieds sur un carreau de velours. Et tous deux ecoutaient Xaintrailles leur faire le point de la situation. Le souper de mariage avait ete vite expedie : d'abord parce que le capitaine voulait avoir quitte la ville avant le jour, ensuite parce que la rarefaction du ravitaillement ne permettait plus guere de festins somptueux. La famine qui sevissait dans les campagnes, nee des incessantes devastations de la guerre, atteignait meme les riches cites ou les reserves se tarissaient. Meme un homme aussi avise que Jacques C?ur se trouvait frappe par les restrictions obligatoires et le plus clair du repas de noces avait consiste en une enorme potee aux choux, eminemment nourrissante, mais fort peu raffinee. Catherine, en ce qui la concernait, n'en avait mange que moderement et s'etait rattrapee sur les raisins seches qui avaient forme le dessert.
Maintenant, la derniere goutte de vin de Sancerre avalee, la derniere sante portee au bonheur des jeunes epoux, Xaintrailles tentait, une fois encore, de faire entendre a son ami ce qu'il estimait etre la voix de la raison. L'equipement guerrier du capitaine avait, en effet, reveille dangereusement l'instinct combatif d'Arnaud.
— Le mieux, disait Xaintrailles, c'est que vous demeuriez caches ici, puisque maitre C?ur ne demande qu'a vous garder. La reine Yolande reviendra, et elle saura, elle, faire comprendre au roi Charles que La Tremoille le conduit a sa perte, elle saura te faire rendre justice et...
Je t'arrete tout de suite, coupa Montsalvy. Il ne saurait etre question de demeurer ici. Ce n'est pas etre ingrat envers nos amis que leur avouer combien l'inaction me pese. J'etouffe... Tu me connais trop pour ne pas savoir que j'ai horreur de ce que l'on appelle la tranquillite. On m'a attaque, j'entends me defendre et me venger.
— C'est ridicule. Je t'ai dit que tu ne pouvais rien faire.
— Je peux, du moins, rentrer chez moi, dans mes monts d'Auvergne. J'ai des terres, des paysans, une forteresse puissante, j'ai mon pays qui m'attend. C'est la, et nulle part ailleurs, que doit naitre mon fils.
— Tu es fou... Trainer une femme enceinte sur les grands chemins...
Tout de suite, Catherine, sans lui laisser le temps de repondre, noua ses bras autour du cou d'Arnaud.
— S'il part, je pars avec lui !
Il l'embrassa doucement, avec les precautions que l'on reserve a un objet fragile.
— Ma douce, il a raison. Et moi, j'ai parle en egoiste. C'est l'hiver, les chemins sont rudes et notre enfant est a deux mois de voir le jour. Il vaut mieux, pour toi et pour lui, demeurer ici, a l'abri, tandis que j'irai...
Un regret poignant percait sous la voix du jeune homme, mais, brusquement, Catherine s'ecarta de lui, laissant glisser ses bras. Un pli dur barra son front.
— Voila donc ton amour ? A peine unis, tu parles deja de me quitter, de t'en aller loin de moi... Et pourtant, tu as dit tout a l'heure : « Jusqu'a ce que la mort nous separe... »
— Mais l'enfant ?
— L'enfant ? Il est ton fils ! Il sera un Montsalvy, un homme comme toi, un vrai ! Et moi qui suis deja sa mere, j'entends etre digne de vous deux. C'est toi qui avais raison, tout a l'heure ; mieux vaut pour lui naitre sur une balle de paille sur la terre de ses peres plutot que dans la douceur d'un lit etranger, loin de toi. Pars si tu veux, mais sache bien que, meme si tu me le defends, je te suivrai comme je t'ai suivi a Orleans, comme je t'ai suivi a Rouen, comme je t'ai suivi dans la Seine et comme je te suivrai au tombeau s'il le fallait.
Elle s'arreta, rouge d'emotion, un peu haletante. Sa poitrine soulevait spasmodiquement le drap vert de sa robe et ses grands yeux brulaient d'indignation. Arnaud, brusquement, se mit a rire, se releva sur un genou, l'attrapa aux epaules et la serra contre lui.
— Morbleu ! Madame de Montsalvy, vous avez parle comme l'aurait fait ma mere ! (Puis, plus doucement :) Tu as gagne, mon amour ! Va pour l'aventure, le froid, la nuit, la guerre s'il le faut, et que Dieu pardonne si je fais une sottise.
Les yeux de Xaintrailles allaient du visage d'Arnaud a celui de Catherine.
— Ainsi, tu as pris ta decision ?
Arnaud se retourna vers lui. L'orgueil flambait sur son visage.
— Elle est prise. Nous partirons.
— C'est bien. Dans ce cas, autant tout te dire. Les nouvelles sont mauvaises et aussi bien tu les aurais apprises avant peu. Il se prepare, en Auvergne, d'etranges choses. La Tremoille reclame le comte comme son fief-Arnaud sursauta. Une lente rougeur s'etendit sur son front. Ses yeux noirs etincelerent de colere.
— L'Auvergne ? De quel droit ?
— De celui qu'il s'arroge. Tu te souviens qu'en premieres noces, il avait epouse la veuve du duc de Berry, Jeanne de Boulogne, heritiere d'Auvergne. Celle-ci, en mourant, a legue son fief a son neveu, Bertrand de Latour.
— Tu me la bailles belle, grogna Montsalvy en haussant les epaules, Latour est de ma famille. Sa femme, Anne de Ventadour, est la niece de ma mere. Nous sommes cousins et du plus proche lignage.
— Parfait ! Mais La Tremoille n'en reclame pas moins le pays en tant qu'heritier de sa premiere femme. C'est parfaitement illegal, bien sur, mais depuis quand se soucie-t-il de legalite ?
suivi dans la Seine et comme je te suivrai au tombeau s'il le fallait.
Elle s'arreta, rouge d'emotion, un peu haletante. Sa poitrine soulevait spasmodiquement le drap vert de sa robe et ses grands yeux brulaient d'indignation. Arnaud, brusquement, se mit a rire, se releva sur un genou, l'attrapa aux epaules et la serra contre lui.
— Morbleu ! Madame de Montsalvy, vous avez parle comme l'aurait fait ma mere ! (Puis, plus doucement ) Tu as gagne, mon amour ! Va pour l'aventure, le froid, la nuit, la guerre s'il le faut, et que Dieu pardonne si je fais une sottise.
Les yeux de Xaintrailles allaient du visage d'Arnaud a celui de Catherine.
— Ainsi, tu as pris ta decision ?
Arnaud se retourna vers lui. L'orgueil flambait sur son visage.
— Elle est prise. Nous partirons.
— C'est bien. Dans ce cas, autant tout te dire. Les nouvelles sont mauvaises et aussi bien tu les aurais apprises avant peu. Il se prepare, en Auvergne, d'etranges choses. La Tremoille reclame le comte comme son fief-Arnaud sursauta. Une lente rougeur s'etendit sur son front. Ses yeux noirs etincelerent de colere.
— L'Auvergne ? De quel droit ?
— De celui qu'il s'arroge. Tu te souviens qu'en premieres noces, il avait epouse la veuve du duc de Berry, Jeanne de Boulogne, heritiere d'Auvergne. Celle-ci, en mourant, a legue son fief a son neveu, Bertrand de Latour.
— Tu me la bailles belle, grogna Montsalvy en haussant les epaules, Latour est de ma famille. Sa femme, Anne de Ventadour, est la niece de ma mere. Nous sommes cousins et du plus proche lignage.
Parfait ! Mais La Tremoille n'en reclame pas moins le pays en tant qu'heritier de sa premiere femme. C'est parfaitement illegal, bien sur, mais depuis quand se soucie-t-il de legalite ? le dire. Depuis combien de temps es-tu assez fort pour seulement monter a cheval ?
Arnaud recula, baissa la tete, mais son visage demeura contracte. Catherine eut l'impression bizarre qu'une force inconnue et menacante venait de s'introduire dans la petite piece paisible. Silhouette noire, aigue, dont l'ombre, tout a coup, touchait chaque chose, s'etirait vers les angles obscurs, rejoignant les poutres peintes du plafond. C'etait comme si, soudain, le routier espagnol etait entre tout arme dans la maison, trainant apres lui une lueur d'incendie. Elle sentit une main de glace etreindre son c?ur quand Arnaud se tourna d'une piece vers Jacques C?ur.