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Contes merveilleux, Tome II - Andersen Hans Christian (читать книги онлайн полностью .txt) 📗

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– Oui, dit la petite sirene d'une voix tremblante en pensant au prince et a son ame immortelle.

– Mais n'oublie pas, dit la sorciere, que lorsque tu auras une apparence humaine, tu ne pourras jamais redevenir sirene, jamais redescendre aupres de tes soeurs dans le palais de ton pere. Et si tu ne gagnes pas l'amour du prince au point qu'il oublie pour toi son pere et sa mere, qu'il s'attache a toi de toutes ses pensees et demande au pasteur d'unir vos mains afin que vous soyez mari et femme, alors tu n'auras jamais une ame immortelle. Le lendemain matin du jour ou il en epouserait une autre, ton coeur se briserait et tu ne serais plus qu'ecume sur la mer.

– Je le veux, dit la petite sirene, pale comme une morte.

– Mais moi, il faut aussi me payer, dit la sorciere, et ce n'est pas peu de chose que je te demande. Tu as la plus jolie voix de toutes ici-bas et tu crois sans doute grace a elle ensorceler ton prince, mais cette voix, il faut me la donner. Le meilleur de ce que tu possedes, il me le faut pour mon precieux breuvage! Moi, j'y mets de mon sang afin qu'il soit coupant comme une lame a deux tranchants.

– Mais si tu prends ma voix, dit la petite sirene, que me restera-t-il?

– Ta forme ravissante, ta demarche ailee et le langage de tes yeux, c'est assez pour seduire un coeur d'homme. Allons, as-tu deja perdu courage? Tends ta jolie langue, afin que je la coupe pour me payer et je te donnerai le philtre tout puissant.

– Qu'il en soit ainsi, dit la petite sirene, et la sorciere mit son chaudron sur le feu pour faire cuire la drogue magique.

– La proprete est une bonne chose, dit-elle en recurant le chaudron avec les couleuvres dont elle avait fait un noeud.

Elle s'egratigna le sein et laissa couler son sang epais et noir. La vapeur s'elevait en silhouettes etranges, terrifiantes. A chaque instant la sorciere jetait quelque chose dans le chaudron et la mixture se mit a bouillir, on eut cru entendre pleurer un crocodile. Enfin le philtre fut a point, il etait clair comme l'eau la plus pure!

– Voila, dit la sorciere et elle coupa la langue de la petite sirene. Muette, elle ne pourrait jamais plus ni chanter, ni parler.

– Si les polypes essayent de t'agripper, lorsque tu retourneras a travers la foret, jette une seule goutte de ce breuvage sur eux et leurs bras et leurs doigts se briseront en mille morceaux.

La petite sirene n'eut pas a le faire, les polypes reculaient effrayes en voyant le philtre lumineux qui brillait dans sa main comme une etoile. Elle traversa rapidement la foret, le marais et le courant mugissant.

Elle etait devant le palais de son pere. Les lumieres etaient eteintes dans la grande salle de bal, tout le monde dormait surement, et elle n'osa pas aller aupres des siens maintenant qu'elle etait muette et allait les quitter pour toujours. Il lui sembla que son coeur se brisait de chagrin. Elle se glissa dans le jardin, cueillit une fleur du parterre de chacune de ses soeurs, envoya de ses doigts mille baisers au palais et monta a travers l'eau sombre et bleue de la mer. Le soleil n'etait pas encore leve lorsqu'elle vit le palais du prince et gravit les degres du magnifique escalier de marbre. La lune brillait merveilleusement claire. La petite sirene but l'apre et brulante mixture, ce fut comme si une epee a deux tranchants fendait son tendre corps, elle s'evanouit et resta etendue comme morte. Lorsque le soleil resplendit au-dessus des flots, elle revint a elle et ressentit une douleur aigue. Mais devant elle, debout, se tenait le jeune prince, ses yeux noirs fixes si intensement sur elle qu'elle en baissa les siens et vit qu'a la place de sa queue de poisson disparue, elle avait les plus jolies jambes blanches qu'une jeune fille put avoir. Et comme elle etait tout a fait nue, elle s'enveloppa dans sa longue chevelure.

Le prince demanda qui elle etait, comment elle etait venue la, et elle leva vers lui doucement, mais tristement, ses grands yeux bleus puis qu'elle ne pouvait parler.

Alors il la prit par la main et la conduisit au palais. A chaque pas, comme la sorciere l'en avait prevenue, il lui semblait marcher sur des aiguilles pointues et des couteaux aiguises, mais elle supportait son mal. Sa main dans la main du prince, elle montait aussi legere qu'une bulle et lui-meme et tous les assistants s'emerveillerent de sa demarche gracieuse et ondulante.

On lui fit revetir les plus precieux vetements de soie et de mousseline, elle etait au chateau la plus belle, mais elle restait muette. Des esclaves ravissantes, parees de soie et d'or, venaient chanter devant le prince et ses royaux parents. L'une d'elles avait une voix plus belle encore que les autres. Le prince l'applaudissait et lui souriait, alors une tristesse envahit la petite sirene, elle savait qu'elle-meme aurait chante encore plus merveilleusement et elle pensait: «Oh! si seulement il savait que pour rester pres de lui, j'ai renonce a ma voix a tout jamais!»

La petite sirene n'eut pas a le faire, les polypes reculaient effrayes en voyant le philtre lumineux qui brillait dans sa main comme une etoile. Elle traversa rapidement la foret, le marais et le courant mugissant.

Elle etait devant le palais de son pere. Les lumieres etaient eteintes dans la grande salle de bal, tout le monde dormait surement, et elle n'osa pas aller aupres des siens maintenant qu'elle etait muette et allait les quitter pour toujours. Il lui sembla que son coeur se brisait de chagrin. Elle se glissa dans le jardin, cueillit une fleur du parterre de chacune de ses soeurs, envoya de ses doigts mille baisers au palais et monta a travers l'eau sombre et bleue de la mer. Le soleil n'etait pas encore leve lorsqu'elle vit le palais du prince et gravit les degres du magnifique escalier de marbre. La lune brillait merveilleusement claire. La petite sirene but l'apre et brulante mixture, ce fut comme si une epee a deux tranchants fendait son tendre corps, elle s'evanouit et resta etendue comme morte. Lorsque le soleil resplendit au-dessus des flots, elle revint a elle et ressentit une douleur aigue. Mais devant elle, debout, se tenait le jeune prince, ses yeux noirs fixes si intensement sur elle qu'elle en baissa les siens et vit qu'a la place de sa queue de poisson disparue, elle avait les plus jolies jambes blanches qu'une jeune fille put avoir. Et comme elle etait tout a fait nue, elle s'enveloppa dans sa longue chevelure.

Le prince demanda qui elle etait, comment elle etait venue la, et elle leva vers lui doucement, mais tristement, ses grands yeux bleus puis qu'elle ne pouvait parler.

Alors il la prit par la main et la conduisit au palais. A chaque pas, comme la sorciere l'en avait prevenue, il lui semblait marcher sur des aiguilles pointues et des couteaux aiguises, mais elle supportait son mal. Sa main dans la main du prince, elle montait aussi legere qu'une bulle et lui-meme et tous les assistants s'emerveillerent de sa demarche gracieuse et ondulante.

On lui fit revetir les plus precieux vetements de soie et de mousseline, elle etait au chateau la plus belle, mais elle restait muette. Des esclaves ravissantes, parees de soie et d'or, venaient chanter devant le prince et ses royaux parents. L'une d'elles avait une voix plus belle encore que les autres. Le prince l'applaudissait et lui souriait, alors une tristesse envahit la petite sirene, elle savait qu'elle-meme aurait chante encore plus merveilleusement et elle pensait: «Oh! si seulement il savait que pour rester pres de lui, j'ai renonce a ma voix a tout jamais!»

Puis les esclaves commencerent a executer au son d'une musique admirable, des danses legeres et gracieuses. Alors la petite sirene, elevant ses beaux bras blancs, se dressa sur la pointe des pieds et dansa avec plus de grace qu'aucune autre. Chaque mouvement revelait davantage le charme de tout son etre et ses yeux s'adressaient au coeur plus profondement que le chant des esclaves.

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