Les Essais – Livre I - Montaigne Michel de (читать бесплатно полные книги .TXT) 📗
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"Lecteur, je suis moi-m?me la mati?re de mon livre": c'est ce surprenant aveu de subjectivit? qui ouvre l'un des textes les plus modernes de la litt?rature fran?aise, quoique l'un des plus anciens. ? la mort de son ami La Bo?tie, Montaigne d?cide en effet de prendre la plume pour perp?tuer leurs discussions si f?condes. Sur ce mode autobiographique, tous les sujets seront abord?s, de l'amiti? ? l'?ducation, de la philosophie ? la lecture, de la religion ? la mort des hommes. En s'observant lui-m?me, Montaigne fait ainsi le tour de l'homme, proposant une r?flexion essentielle sur sa place dans le monde et sur le champ d'action de la pens?e humaine.
Au si?cle de Rabelais, des po?tes de la Pl?iade et de l'humanisme europ?en, l'oeuvre de Montaigne reste une m?t?orite inclassable, entre ?criture personnelle et monument philosophique. Oeuvre d'un homme engag? dans son temps, les Essais allaient fonder toute une tradition d'?criture ? la fran?aise, de Pascal ? Malraux, de Rousseau ? Camus.
Les Essais – Livre I читать онлайн бесплатно
d'après l'édition de 1595
Au Lecteur
C'EST icy un livre de bonne foy, lecteur. Il t'advertit dés l'entree, que je ne m'y suis proposé aucune fin, que domestique et privee: je n'y ay eu nulle consideration de ton service, ny de ma gloire: mes forces ne sont pas capables d'un tel dessein. Je l'ay voüé à la commodité particuliere de mes parens et amis: à ce que m'ayans perdu (ce qu'ils ont à faire bien tost) ils y puissent retrouver aucuns traicts de mes conditions et humeurs, et que par ce moyen ils nourrissent plus entiere et plus vifve, la connoissance qu'ils ont eu de moy. Si c'eust esté pour rechercher la faveur du monde, je me fusse paré de beautez empruntees. Je veux qu'on m'y voye en ma façon simple, naturelle et ordinaire, sans estude et artifice: car c'est moy que je peins. Mes defauts s'y liront au vif, mes imperfections et ma forme naïfve, autant que la reverence publique me l'a permis. Que si j'eusse esté parmy ces nations qu'on dit vivre encore souz la douce liberté des premieres loix de nature, je t'asseure que je m'y fusse tres-volontiers peint tout entier, Et tout nud. Ainsi, Lecteur, je suis moy-mesme la matiere de mon livre: ce n'est pas raison que tu employes ton loisir en un subject si frivole et si vain. A Dieu donq.
De Montaigne, ce 12 de juin 1580.