Mybrary.info
mybrary.info » Книги » Научно-образовательная » Философия » Les Essais – Livre III - Montaigne Michel de (электронную книгу бесплатно без регистрации txt) 📗

Les Essais – Livre III - Montaigne Michel de (электронную книгу бесплатно без регистрации txt) 📗

Тут можно читать бесплатно Les Essais – Livre III - Montaigne Michel de (электронную книгу бесплатно без регистрации txt) 📗. Жанр: Философия. Так же Вы можете читать полную версию (весь текст) онлайн без регистрации и SMS на сайте mybrary.info (MYBRARY) или прочесть краткое содержание, предисловие (аннотацию), описание и ознакомиться с отзывами (комментариями) о произведении.
Перейти на страницу:

Le peuple se trompe: on va bien plus facilement par les bouts, ou l'extremite sert de borne, d'arrest et de guide, que par la voye du milieu large et ouverte, et selon l'art, que selon nature; mais bien moins noblement aussi, et moins recommendablement. La grandeur de l'ame n'est pas tant, tirer a mont, et tirer avant, comme scavoir se ranger et circonscrire. Elle tient pour grand, tout ce qui est assez. Et montre sa hauteur, a aimer mieux les choses moyennes, que les eminentes. Il n'est rien si beau et legitime, que de faire bien l'homme et deuement. Ny science si ardue que de bien scavoir vivre cette vie. Et de nos maladies la plus sauvage, c'est mespriser nostre estre. Qui veut escarter son ame, le face hardiment s'il peut, lors que le corps se portera mal, pour la descharger de cette contagion: Ailleurs au contraire: qu'elle l'assiste et favorise, et ne refuse point de participer a ses naturels plaisirs, et de s'y complaire conjugalement: y apportant, si elle est plus sage, la moderation, depeur que par indiscretion, ils ne se confondent avec le desplaisir. L'intemperance, est peste de la volupte: et la temperance n'est pas son fleau: c'est son assaisonnement. Eudoxus, qui en establissoit le souverain bien, et ses compaignons, qui la monterent a si haut prix, la savourerent en sa plus gracieuse douceur, par le moyen de la temperance, qui fut en eux singuliere et exemplaire. J'ordonne a mon ame, de regarder et la douleur et la volupte, de veue pareillement reiglee: eodem enim vitio est effusio animi in l?titia , quo in dolore contractio: et pareillement ferme: Mais gayement l'une, l'autre severement: Et selon ce qu'elle y peut apporter, autant soigneuse d'en esteindre l'une, que d'estendre l'autre. Le voir sainement les biens, tire apres soyle voir sainement les maux. Et la douleur a quelque chose de non evitable, en son tendre commencement: et la volupte quelque chose d'evitable en sa fin excessive. Platon les accouple: et veut, que ce soit pareillement l'office de la fortitude combattre a l'encontre de la douleur, et a l'encontre des immoderees et charmeresses blandices de la volupte. Ce sont deux fontaines, ausquelles, qui puise, d'ou, quand et combien il faut, soit cite, soit homme, soit beste, il est bien heureux. La premiere, il la faut prendre par medecine et par necessite, plus escharsement: L'autre par soif, mais non jusques a l'yvresse. La douleur, la volupte, l'amour, la haine, sont les premieres choses, que sent un enfant: si la raison survenant elles s'appliquent a elle: cela c'est vertu.

J'ay un dictionaire tout a part moy: je passe le temps, quand il est mauvais et incommode; quand il est bon, je ne le veux pas passer, je le retaste, je m'y tiens. Il faut courir le mauvais, et se rassoir au bon. Cette fraze ordinaire de passe-temps , et de passer le temps , represente l'usage de ces prudentes gens, qui ne pensent point avoir meilleur conte de leur vie, que de la couler et eschaper: de la passer, gauchir, et autant qu'il est en eux, ignorer et fuir; comme chose de qualite ennuyeuse et desdaignable: Mais je la cognois autre: et la trouve, et prisable et commode, voire en son dernier decours, ou je la tiens: Et nous l'a nature mise en main, garnie de telles circonstances et si favorables, que nous n'avons a nous plaindre qu'a nous, si elle nous presse; et si elle nous eschappe inutilement. Stulti vita ingrata est, trepida est, tota in futurum fertur . Je me compose pourtant a la perdre sans regret: Mais comme perdable de sa condition, non comme moleste et importune. Aussi ne sied-il proprement bien, de ne se desplaire a mourir qu'a ceux, qui se plaisent a vivre. Il y a du mesnage a la jouyr: je la jouis au double des autres: Car la mesure en la jouissance, depend du plus ou moins d'application, que nous y prestons. Principalement a cette heure, que j'appercoy la mienne si briefve en temps, je la veux estendre en poix: Je veux arrester la promptitude de sa fuite par la promptitude de ma saisie: et par la vigueur de l'usage, compenser la hastivete de son escoulement. A mesure que la possession du vivre est plus courte, il me la faut rendre plus profonde, et plus pleine.

Les autres sentent la douceur d'un contentement, et de la prosperite: je la sens ainsi qu'eux: mais ce n'est pas en passant et glissant. Si la faut-il estudier, savourer et ruminer, pour en rendre graces condignes a celuy qui nous l'ottroye. Ils jouyssent les autres plaisirs, comme ils font celuy du sommeil, sans les cognoistre. A celle-fin que le dormir mesme ne m'eschappast ainsi stupidement, j'ay autresfois trouve bon qu'on me le troublast, afin que je l'entrevisse. Je consulte d'un contentement avec moy; je ne l'escume pas, je le sonde, et plie ma raison a le recueillir, devenue chagrigne et desgoustee. Me trouve-je en quelque assiette tranquille, y a il quelque volupte qui me chatouille, je ne la laisse pas friponner aux sens; j'y associe mon ame. Non pas pour s'y engager, mais pour s'y agreer; non pas pour s'y perdre, mais pour s'y trouver. Et l'employe de sa part, a se mirer dans ce prospere estat, a en poiser et estimer le bon-heur, et l'amplifier. Elle mesure combien c'est qu'elle doit a Dieu, d'estre en repos de sa conscience et d'autres passions intestines; d'avoir le corps en sa disposition naturelle: jouissant ordonnement et competemment, des functions molles et flateuses, par lesquelles il luy plaist compenser de sa grace, les douleurs, dequoy sa justice nous bat a son tour. Combien luy vaut d'estre logee en tel poinct, que ou qu'elle jette sa veue, le ciel est calme autour d'elle: nul desir, nulle crainte ou doute, qui luy trouble l'air: aucune difficulte passee, presente, future, par dessus laquelle son imagination ne passe sans offence. Cette consideration prend grand lustre de la comparaison des conditions differentes: Ainsi, je me propose en mille visages, ceux que la fortune, ou que leur propre erreur emporte et tempeste. Et encores ceux cy plus pres de moy, qui recoivent si laschement, et incurieusement leur bonne fortune. Ce sont gens qui passent voirement leur temps; ils outrepassent le present, et ce qu'ils possedent, pour servir a l'esperance, et pour des ombrages et vaines images, que la fantasie leur met au devant,

Morte obita quales fama est volitare figuras,

Aut qu? sopitos deludunt somnia sensus ;

lesquelles hastent et allongent leur fuitte, a mesme qu'on les suit. Le fruict et but de leur poursuitte, c'est poursuivre: comme Alexandre disoit que la fin de son travail, c'estoit travailler.

Nil actum credens cum quid superesset agendum .

Pour moy donc, j'ayme la vie, et la cultive, telle qu'il a pleu a Dieu nous l'octroyer: Je ne vay pas desirant, qu'elle eust a dire la necessite de boire et de manger. Et me sembleroit faillir non moins excusablement, de desirer qu'elle l'eust double. Sapiens divitiarum naturalium qu?sitor acerrimus . Ny que nous nous substantassions, mettans seulement en la bouche un peu de ceste drogue par laquelle Epimenides se privoit d'appetit, et se maintenoit. N'y qu'on produisist stupidement des enfans, par les doigts, ou par les talons, ains parlant en reverence, que plustost encores, on les produisist voluptueusement, par les doigts, et par les talons. Ny que le corps fust sans desir et sans chatouillement. Ce sont plaintes ingrates et iniques. J'accepte de bon coeur et recognoissant, ce que nature a faict pour moy: et m'en aggree et m'en loue. On faict tort a ce grand et tout puissant donneur, de refuser son don, l'annuller et desfigurer, tout bon, il a faict tout bon. Omnia qu? secundum naturam sunt; ?stimatione digna sunt . Des opinions de la Philosophie, j'embrasse plus volontiers celles qui sont les plus solides: c'est a dire les plus humaines, et nostres: Mes discours sont conformement a mes moeurs, bas et humbles. Elle faict bien l'enfant a mon gre, quand elle se met sur ses ergots, pour nous prescher, Que c'est une farrouche alliance, de marier le divin avec le terrestre, le raisonnable avec le desraisonnable, le severe a l'indulgent, l'honneste au des-honneste. Que la volupte, est qualite brutale, indigne que le sage la gouste. Le seul plaisir, qu'il tire de la jouyssance d'une belle jeune espouse, que c'est le plaisir de sa conscience, de faire une action selon l'ordre. Comme de chausser ses bottes, pour une utile chevauchee. N'eussent ses suyvans, non plus de droit, et de nerfs, et de suc, au despucelage de leurs femmes, qu'en a sa lecon. Ce n'est pas ce que dict Socrates, son precepteur et le nostre. Il prise, comme il doit, la volupte corporelle: mais il prefere celle de l'esprit, comme ayant plus de force, de constance, de facilite, de variete, de dignite. Ceste cy ne va nullement seule, selon luy; il n'est pas si fantastique: mais seulement, premiere. Pour luy, la temperance est moderatrice, non adversaire des voluptez.

Nature est un doux guide: Mais non pas plus doux, que prudent et juste. Intrandum est in rerum naturam, et penitus quid ea postulet, pervidendum . Je queste par tout sa piste: nous l'avons confondue de traces artificielles. Et ce souverain bien Academique, et Peripatetique, qui est vivre selon icelle: devient a ceste cause difficile a borner et expliquer. Et celuy des Stoiciens, voisin a celuy-la, qui est, consentir a nature. Est-ce pas erreur, d'estimer aucunes actions moins dignes de ce qu'elles sont necessaires? Si ne m'osteront-ils pas de la teste, que ce ne soit un tresconvenable mariage, du plaisir avec la necessite, avec laquelle, dit un ancien, les Dieux complottent tousjours. A quoy faire desmembrons nous en divorce, un bastiment tissu d'une si joincte et fraternelle correspondance? Au rebours, renouons le par mutuels offices: que l'esprit esveille et vivifie la pesanteur du corps, le corps arreste la legerete de l'esprit, et la fixe. Qui velut summum bonum, laudat anim? naturam, et tanquam malum, naturam carnis accusat, profecto et animam carnaliter appetit, et carnem carnaliter fugit, quoniam id vanitate sentit humana, non veritate divina . Il n'y a piece indigne de nostre soin, en ce present que Dieu nous a faict: nous en devons comte jusques a un poil. Et n'est pas une commission par acquit a l'homme, de conduire l'homme selon sa condition: Elle est expresse, naifve et tresprincipale: et nous l'a le Createur donnee serieusement et severement. L'authorite peut seule envers les communs entendemens: et poise plus en langage peregrin. Reschargeons en ce lieu. Stultiti? proprium quis non dixerit, ignave et contumaciter facere qu? facienda sunt: et alio corpus impellere, alio animum: distrahique inter diversissimos motus?

Or sus pour voir, faictes vous dire un jour, les amusemens et imaginations, que celuy-la met en sa teste, et pour lesquelles il destourne sa pensee d'un bon repas, et plainct l'heure qu'il employe a se nourrir: vous trouverez qu'il n'y a rien si fade, en tous les mets de vostre table, que ce bel entretien de son ame (le plus souvent il nous vaudroit mieux dormir tout a faict, que de veiller a ce, a quoy nous veillons) et trouverez que son discours et intentions, ne valent pas vostre capirotade. Quand ce seroient les ravissemens d'Archimedes mesme, que seroit-ce? Je ne touche pas icy, et ne mesle point a ceste marmaille d'hommes que nous sommes, et a ceste vanite de desirs et cogitations, qui nous divertissent, ces ames venerables, eslevees par ardeur de devotion et religion, a une constante et conscientieuse meditation des choses divines, lesquelles preoccupans par l'effort d'une vive et vehemente esperance, l'usage de la nourriture eternelle, but final, et dernier arrest des Chrestiens desirs: seul plaisir constant, incorruptible: desdaignent de s'attendre a nos necessiteuses commoditez, fluides et ambigues: et resignent facilement au corps, le soin et l'usage, de la pasture sensuelle et temporelle. C'est un estude privilege. Entre nous, ce sont choses, que j'ay tousjours veues de singulier accord: les opinions supercelestes, et les moeurs sousterraines.

Перейти на страницу:

Montaigne Michel de читать все книги автора по порядку

Montaigne Michel de - все книги автора в одном месте читать по порядку полные версии на сайте онлайн библиотеки mybrary.info.


Les Essais – Livre III отзывы

Отзывы читателей о книге Les Essais – Livre III, автор: Montaigne Michel de. Читайте комментарии и мнения людей о произведении.


Уважаемые читатели и просто посетители нашей библиотеки! Просим Вас придерживаться определенных правил при комментировании литературных произведений.

  • 1. Просьба отказаться от дискриминационных высказываний. Мы защищаем право наших читателей свободно выражать свою точку зрения. Вместе с тем мы не терпим агрессии. На сайте запрещено оставлять комментарий, который содержит унизительные высказывания или призывы к насилию по отношению к отдельным лицам или группам людей на основании их расы, этнического происхождения, вероисповедания, недееспособности, пола, возраста, статуса ветерана, касты или сексуальной ориентации.
  • 2. Просьба отказаться от оскорблений, угроз и запугиваний.
  • 3. Просьба отказаться от нецензурной лексики.
  • 4. Просьба вести себя максимально корректно как по отношению к авторам, так и по отношению к другим читателям и их комментариям.

Надеемся на Ваше понимание и благоразумие. С уважением, администратор mybrary.info.


Прокомментировать
Подтвердите что вы не робот:*