Mybrary.info
mybrary.info » Книги » Научно-образовательная » Философия » Les Essais – Livre III - Montaigne Michel de (электронную книгу бесплатно без регистрации txt) 📗

Les Essais – Livre III - Montaigne Michel de (электронную книгу бесплатно без регистрации txt) 📗

Тут можно читать бесплатно Les Essais – Livre III - Montaigne Michel de (электронную книгу бесплатно без регистрации txt) 📗. Жанр: Философия. Так же Вы можете читать полную версию (весь текст) онлайн без регистрации и SMS на сайте mybrary.info (MYBRARY) или прочесть краткое содержание, предисловие (аннотацию), описание и ознакомиться с отзывами (комментариями) о произведении.
Перейти на страницу:

Cette asprete et violence de desirs, empesche plus, qu'elle ne sert a la conduitte de ce qu'on entreprend. Nous remplit d'impatience envers les evenemens, ou contraires, ou tardifs: et d'aigreur et de soupcon envers ceux, avec qui nous negotions. Nous ne conduisons jamais bien la chose de laquelle nous sommes possedez et conduicts.

male cuncta ministrat

Impetus .

Celuy qui n'y employe que son jugement, et son addresse, il y procede plus gayement: il feint, il ploye, il differe tout a son aise, selon le besoing des occasions: il faut d'atteinte, sans tourment, et sans affliction, prest et entier pour une nouvelle entreprise: il marche tousjours la bride a la main. En celuy qui est enyvre de cette intention violente et tyrannique, on voit par necessite beaucoup d'imprudence et d'injustice. L'impetuosite de son desir l'emporte. Ce sont mouvemens temeraires, et, si fortune n'y preste beaucoup, de peu de fruict. La philosophie veut qu'au chastiement des offences receues, nous en distrayons la cholere: non afin que la vengeance en soit moindre, ains au rebours, afin qu'elle en soit d'autant mieux assenee et plus poisante: A quoy il luy semble que cette impetuosite porte empeschement. Non seulement la cholere trouble: mais de soy, elle lasse aussi les bras de ceux qui chastient. Ce feu estourdit et consomme leur force. Comme en la precipitation, festinatio tarda est . La hastivete se donne elle mesme la jambe, s'entrave et s'arreste. Ipsa se velocitas implicat . Pour exemple. Selon ce que j'en vois par usage ordinaire, l'avarice n'a point de plus grand destourbier que soy-mesme. Plus elle est tendue et vigoureuse, moins elle en est fertile. Communement elle attrape plus promptement les richesses, masquee d'un image de liberalite.

Un gentil-homme tres-homme de bien, et mon amy, cuyda brouiller la sante de sa teste, par une trop passionnee attention et affection aux affaires d'un Prince, son maistre. Lequel maistre, s'est ainsi peinct soy-mesmes a moy: Qu'il voit le poix des accidens, comme un autre: mais qu'a ceux qui n'ont point de remede, il se resoult soudain a la souffrance: aux autres, apres y avoir ordonne les provisions necessaires, ce qu'il peut faire promptement par la vivacite de son esprit, il attend en repos ce qui s'en peut ensuivre. De vray, je l'ay veu a mesme, maintenant une grande nonchalance et liberte d'actions et de visage, au travers de bien grands affaires et bien espineux. Je le trouve plus grand et plus capable, en une mauvaise, qu'en une bonne fortune. Ses pertes luy sont plus glorieuses, que ses victoires, et son deuil que son triomphe.

Considerez, qu'aux actions mesmes qui sont vaines et frivoles: au jeu des eschecs, de la paulme, et semblables, cet engagement aspre et ardant d'un desir impetueux, jette incontinent l'esprit et les membres, a l'indiscretion, et au desordre. On s'esblouit, on s'embarasse soy mesme. Celuy qui se porte plus moderement envers le gain, et la perte, il est tousjours chez soy. Moins il se pique et passionne au jeu, il le conduit d'autant plus avantageusement et seurement.

Nous empeschons au demeurant, la prise et la serre de l'ame, a luy donner tant de choses a saisir. Les unes, il les luy faut seulement presenter, les autres attacher, les autres incorporer. Elle peut voir et sentir toutes choses, mais elle ne se doit paistre que de soy: Et doit estre instruicte, de ce qui la touche proprement, et qui proprement est de son avoir, et de sa substance. Les loix de nature nous apprennent ce que justement, il nous faut. Apres que les sages nous ont dit, que selon elle personne n'est indigent, et que chacun l'est selon l'opinion, ils distinguent ainsi subtilement, les desirs qui viennent d'elle, de ceux qui viennent du desreglement de nostre fantasie. Ceux desquels on voit le bout, sont siens, ceux qui fuyent devant nous, et desquels nous ne pouvons joindre la fin, sont nostres. La pauvrete des biens, est aisee a guerir; la pauvrete de l'ame, impossible.

Nam si, quod satis est homini, id satis esse potesset,

Hoc sat erat: nunc, quum hoc non est, qui credimus porro,

Divitias ullas animum mi explere potesse?

Socrates voyant porter en pompe par sa ville, grande quantite de richesse, joyaux et meubles de prix: Combien de choses, dit-il, je ne desire point! Metrodorus vivoit du poix de douze onces par jour, Epicurus a moins: Metroclez dormoit en hyver avec les moutons, en este aux cloistres des Eglises. Sufficit ad id natura, quod poscit . Cleanthes vivoit de ses mains, et se vantoit, que Cleanthes, s'il vouloit, nourriroit encore un autre Cleanthes.

Si ce que nature exactement, et originelement nous demande, pour la conservation de nostre estre, est trop peu (comme de vray combien ce l'est, et combien a bon comte nostre vie se peut maintenir, il ne se doit exprimer mieux que par cette consideration; Que c'est si peu, qu'il eschappe la prise et le choc de la fortune, par sa petitesse) dispensons nous de quelque chose plus outre; appellons encore nature, l'usage et condition de chacun de nous; taxons nous, traitons nous a cette mesure; estendons noz appartenances et noz comtes jusques la. Car jusques la, il me semble bien, que nous avons quelque excuse. L'accoustumance est une seconde nature, et non moins puissante. Ce qui manque a ma coustume je tiens qu'il me manque: Et j'aymerois presque esgalement qu'on m'ostast la vie, que si on me l'essimoit et retranchoit bien loing de l'estat auquel je l'ay vescue si long temps.

Je ne suis plus en termes d'un grand changement, ny de me jetter a un nouveau train et inusite; non pas mesme vers l'augmentation: il n'est plus temps de devenir autre. Et comme je plaindrois quelque grande adventure, qui me tombast a cette heure entre mains, qu'elle ne seroit venue en temps que j'en peusse jouyr,

Quo mihi fortuna, si non conceditur uti :

Je me plaindroy de mesme, de quelque acquest interne. Il vault quasi mieux jamais, que si tard, devenir honneste homme. Et bien entendu a vivre, lors qu'on n'a plus de vie. Moy, qui m'en vay, resigneroy facilement a quelqu'un, qui vinst, ce que j'apprens de prudence, pour le commerce du monde. Moustarde apres disner. Je n'ay que faire du bien, duquel je ne puis rien faire. A quoy la science, a qui n'a plus de teste? C'est injure et deffaveur de fortune, de nous offrir des presents, qui nous remplissent d'un juste despit de nous avoir failly en leur saison. Ne me guidez plus: je ne puis plus aller. De tant de membres, qu'a la suffisance, la patience nous suffit. Donnez la capacite d'un excellent dessus, au chantre qui a les poulmons pourris! Et d'eloquence a l'eremite relegue aux deserts d'Arabie. Il ne faut point d'art, a la cheute. La fin se trouve de soy, au bout de chasque besongne. Mon monde est failly, ma forme expiree. Je suis tout du passe. Et suis tenu de l'authorizer et d'y conformer mon issue.

Je veux dire cecy par maniere d'exemple. Que l'eclipsement nouveau des dix jours du Pape, m'ont prins si bas, que je ne m'en puis bonnement accoustrer. Je suis des annees, ausquelles nous comtions autrement. Un si ancien et long usage, me vendique et rappelle a soy. Je suis contraint d'estre un peu heretique par la. Incapable de nouvellete, mesme corrective. Mon imagination en despit de mes dents se jette tousjours dix jours plus avant, ou plus arriere: Et grommelle a mes oreilles. Cette regle touche ceux, qui ont a estre. Si la sante mesme, si succree vient a me retrouver par boutades, c'est pour me donner regret plustost que possession de soy. Je n'ay plus ou la retirer. Le temps me laisse. Sans luy rien ne se possede. O que je feroy peu d'estat de ces grandes dignitez electives, que je voy au monde, qui ne se donnent qu'aux hommes prests a partir: ausquelles on ne regarde pas tant, combien deuement on les exercera, que combien peu longuement on les exercera: des l'entree on vise a l'issue.

Somme: me voicy apres d'achever cet homme, non d'en refaire un autre. Par long usage, cette forme m'est passee en substance, et fortune en nature.

Je dis donc, que chacun d'entre nous foiblets, est excusable d'estimer sien, ce qui est compris soubs cette mesure. Mais aussi au dela de ces limites, ce n'est plus que confusion: C'est la plus large estandue que nous puissions octroyer a noz droicts. Plus nous amplifions nostre besoing et possession, d'autant plus nous engageons nous aux coups de la fortune, et des adversitez. La carriere de noz desirs doit estre circonscripte, et restraincte, a un court limite, des commoditez les plus proches et contigues. Et doit en outre, leur course, se manier, non en ligne droicte, qui face bout ailleurs, mais en rond, duquel les deux pointes se tiennent et terminent en nous, par un brief contour. Les actions qui se conduisent sans cette reflexion; s'entend voisine reflexion et essentielle, comme sont celles des avaricieux, des ambitieux, et tant d'autres, qui courent de pointe, desquels la course les emporte tousjours devant eux, ce sont actions erronees et maladives.

La plus part de noz vacations sont farcesques. Mundus universus exercet histrioniam . Il faut jouer deuement nostre rolle, mais comme rolle d'un personnage emprunte. Du masque et de l'apparence, il n'en faut pas faire une essence reelle, ny de l'estranger le propre. Nous ne scavons pas distinguer la peau de la chemise. C'est asses de s'enfariner le visage, sans s'enfariner la poictrine. J'en vois qui se transforment et se transsubstantient en autant de nouvelles figures, et de nouveaux estres, qu'ils entreprennent de charges: et qui se prelatent jusques au foye et aux intestins: et entrainent leur office jusques en leur garderobe. Je ne puis leur apprendre a distinguer les bonnetades, qui les regardent, de celles qui regardent leur commission, ou leur suitte, ou leur mule. Tantum se fortun? permittunt, etiam ut naturam dediscant . Ils enflent et grossissent leur ame, et leur discours naturel, selon la haulteur de leur siege magistral. Le Maire et Montaigne, ont tousjours este deux, d'une separation bien claire. Pour estre advocat ou financier, il n'en faut pas mescognoistre la fourbe, qu'il y a en telles vacations. Un honneste homme n'est pas comtable du vice ou sottise de son mestier; et ne doit pourtant en refuser l'exercice. C'est l'usage de son pays, et il y a du proffit: Il faut vivre du monde, et s'en prevaloir, tel qu'on le trouve. Mais le jugement d'un Empereur, doit estre au dessus de son Empire; et le voir et considerer, comme accident estranger. Et luy doit scavoir jouyr de soy a part; et se communicquer comme Jacques et Pierre: au moins a soymesmes.

Je ne scay pas m'engager si profondement, et si entier. Quand ma volonte me donne a un party, ce n'est pas d'une si violente obligation, que mon entendement s'en infecte. Aux presens brouillis de cet estat, mon interest ne m'a faict mescognoistre, ny les qualitez louables en noz adversaires, ny celles qui sont reprochables en ceux que j'ay suivy. Ils adorent tout ce qui est de leur coste: moy je n'excuse pas seulement la plus part des choses, qui sont du mien. Un bon ouvrage, ne perd pas ses graces, pour plaider contre moy. Hors le noeud du debat, je me suis maintenu en equanimite, et pure indifference. Neque extra necessitates belli, pr?cipuum odium gero . Dequoy je me gratifie, d'autant que je voy communement faillir au contraire. Ceux qui allongent leur cholere, et leur haine au dela des affaires, comme faict la plus part, montrent qu'elle leur part d'ailleurs, et de cause particuliere: Tout ainsi comme, a qui estant guary de son ulcere, la fiebvre demeure encore, montre qu'elle avoit un autre principe plus cache. C'est qu'ils n'en ont point a la cause, en commun: et entant qu'elle blesse l'interest de touts, et de l'estat: Mais luy en veulent, seulement en ce, qu'elle leur masche en prive. Voyla pourquoy, ils s'en picquent de passion particuliere, et au dela de la justice, et de la raison publique. Non tam omnia universi, quam ea, qu? ad quemque pertinent, singuli carpebant .

Перейти на страницу:

Montaigne Michel de читать все книги автора по порядку

Montaigne Michel de - все книги автора в одном месте читать по порядку полные версии на сайте онлайн библиотеки mybrary.info.


Les Essais – Livre III отзывы

Отзывы читателей о книге Les Essais – Livre III, автор: Montaigne Michel de. Читайте комментарии и мнения людей о произведении.


Уважаемые читатели и просто посетители нашей библиотеки! Просим Вас придерживаться определенных правил при комментировании литературных произведений.

  • 1. Просьба отказаться от дискриминационных высказываний. Мы защищаем право наших читателей свободно выражать свою точку зрения. Вместе с тем мы не терпим агрессии. На сайте запрещено оставлять комментарий, который содержит унизительные высказывания или призывы к насилию по отношению к отдельным лицам или группам людей на основании их расы, этнического происхождения, вероисповедания, недееспособности, пола, возраста, статуса ветерана, касты или сексуальной ориентации.
  • 2. Просьба отказаться от оскорблений, угроз и запугиваний.
  • 3. Просьба отказаться от нецензурной лексики.
  • 4. Просьба вести себя максимально корректно как по отношению к авторам, так и по отношению к другим читателям и их комментариям.

Надеемся на Ваше понимание и благоразумие. С уважением, администратор mybrary.info.


Прокомментировать
Подтвердите что вы не робот:*