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Belle Catherine - Бенцони Жюльетта (смотреть онлайн бесплатно книга txt) 📗

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— Tiens-toi tranquille, Valette ! avertit Arnaud froidement. Ces arbres sont pleins de soldats et une fleche te guette si tu bouges.

Sa voix fut etouffee par les cris des paysans. Les bonnets volaient en l'air et, deja, des hommes s'elancaient pour entourer leur seigneur, mais il les retint a leur place.

— Ne bougez ! J'ai ici un compte a regler avec cet homme et, pour cela, il me faut de la place.

Catherine, qui allait courir vers son epoux, se figea sur place, puis, docilement, recula avec les autres, laissant un large espace entre eux et le bucher. L'image d'Arnaud l'hypnotisait. Si hautain, si sur de lui- meme ! Son cheval dansait sur place, comme s'il se fut agi du plus courtois des tournois, mais, a son poing gante d'acier, le fleau s'agitait de facon menacante.

L'affreux visage de Valette se convulsa de haine. Il tendit le bras vers son ennemi, cria :

— Emparez-vous de lui ! Il est recherche par ordre du Roi !

— Par ordre du roi La Tremoille, lanca Arnaud dedaigneux. Allons, Valette, fais au moins honneur a ton maitre et viens te battre... ou bien preferes-tu qu'une fleche t'abatte sur place ?

Comme pour lui donner raison, une troisieme fleche vint transpercer l'un des hommes qui se tenaient le plus pres du chef de bande. Valette devint vert et Arnaud eclata de rire.

— Tu ne ris plus, Valette ? Tu n'as donc plus envie de chanter ? Tu chantais si bien tout a l'heure. Allons, viens ! Tire cette longue epee dont tu te sers avec tant d'aisance...

Soudain, Arnaud lanca son cheval au galop, frola Valette. Le fleau s'enroula autour du cimier empanache de Valette, puis Arnaud, tirant brusquement, entraina le routier qui, desequilibre, roula a terre.

— J'ai dit viens ! fit durement le jeune homme.

Valette se releva presque aussitot. Son visage de

spectre etait tordu de haine et une legere ecume moussait au coin de ses levres. Avec la vitesse d'un eclair, il tira son epee, se planta sur ses jambes, penche en avant, attendant le choc du cheval. Mais, dedaigneux de cet avantage, Arnaud mettait deja pied a terre.

— Non ! cria Catherine epouvantee.

— Il est fou ! gronda Saturnin revenu pres d'elle sans qu'elle l'ait vu revenir. On ne fait pas de chevalerie avec un charognard !

Terrifiee, la jeune femme s'accrocha au bras du vieil homme. L'aspect effrayant de Valette la glacait jusqu'a l'ame. Il lui semblait voir Arnaud se battre avec la mort en personne. Il manquait au routier la fameuse faux pour representer tout a fait la sinistre visiteuse... Mais Montsalvy ne se laissait pas impressionner par si peu. D'un coup de doigt sec, il avait fait retomber la ventaille de son casque et, l'ecu en avant pour amortir les coups, il avancait pas a pas vers son ennemi. Au-dessus de sa tete, le fleau faisait tournoyer sa lourde masse herissee de pointes d'acier. Les premiers coups retentirent sur les armures avec un bruit de cloche. Valette rompait pas a pas mais sans arret, cherchant sans doute a atteindre la porte de la cite. Ses hommes figes sur place n'osaient bouger par crainte des fleches qui atteignaient si bien leur but. Catherine, ses deux mains nouees l'une contre l'autre, suppliait le ciel d'epargner son epoux.

Soudain, derriere Arnaud, quelqu'un cria :

— Sus a l'epervier, capitaine ! Il nous a trompes. Il n'y a dans les arbres qu'une poignee de paysans armes de...

Il n'en dit pas plus. Gauthier avait fait cabrer son cheval dont les sabots anterieurs s'abattirent sur le crane de ce soldat trop curieux qui, sans doute, s'etait glisse sous les arbres par l'autre bout du champ sans qu'on l'ait vu. Helas, le mal etait fait. Tandis que les paysans, decouverts, degringolaient des chataigniers, que Gauthier tirant son epee foncait sur une premiere vague de soldats, que Fortunat faisait de son mieux de son cote, Valette s'esquivait soudain derriere un mur d'hommes d'armes, laissant Arnaud seul en face de dix hommes. Catherine, defaillante, chercha l'appui de Saturnin, mais le vieillard, tirant la dague de sa ceinture, volait deja, avec une agilite de jeune homme, au secours de son maitre. La jeune femme, au milieu des autres femmes, des enfants et des vieillards, recula jusqu'a la muraille, repoussee par le combat desespere qui se livrait. Car les paysans, tout a l'heure terrifies, maintenant galvanises par la vue d'Arnaud, s'etaient tous lances dans la bagarre opposant leurs mains nues et ce qu'ils avaient pu trouver sur place de pierres et de morceaux de bois aux epees et aux lances des routiers.

Au fort de la melee, Arnaud, Gauthier, Fortunat et Saturnin, qui s'etaient groupes, accomplissaient des prodiges de valeur.

Le grand Normand empoignait les hommes, deux a deux, par le col et les assommait l'un contre l'autre avant de les laisser choir. Le fleau d'armes tournoyait sans arret faisant eclater les casques, et les cranes avec, comme de simples coquilles de noix, mais la troupe des routiers etait nombreuse et semblait renaitre sans cesse.

Bientot, Arnaud et ses hommes eurent le dessous et l'issue du combat ne fit plus de doute pour Catherine : c'etait la fin et, sans doute, la mort a breve echeance...

Dix hommes venaient d'isoler Arnaud de ses compagnons et l'ensevelissaient sous leur poids. Pour Gauthier, il en fallut vingt. Mais, quelques instants plus tard, les deux hommes, plus Saturnin et Fortunat, solidement entraves et depouilles de leurs armes, etaient traines devant Valette reapparu tout a coup.

— Doux Jesus ! gemit une femme pres de Catherine... C'en est fait de nous !

— Taisez-vous, coupa durement la jeune femme. Qu'importe ce qu'il peut advenir de nous s'ils meurent !

Le rire grincant de Valette couvrit sa voix. Le bandit s'approchait d'Arnaud que deux hommes maintenaient encore malgre les liens dont on l'avait charge. On lui avait arrache son casque et un filet de sang coulait le long de sa joue, depuis l'arcade sourciliere fendue. Mais ses yeux noirs n'avaient rien perdu de leur arrogance. Dedaigneux, il toisa le routier qui se dandinait devant lui comme un heron boiteux, haussa ses larges epaules... C'en etait trop pour la vanite de Valette ; a toute volee, par deux fois, il gifla son prisonnier.

— Voila qui t'apprendra a respecter ton maitre, chien !

Catherine, alors, vit rouge. En aveugle, elle se jeta en avant, toutes griffes dehors, et, avant que Valette l'ait seulement vue venir, elle lui avait saute au visage comme une chatte sauvage. Le routier hurla, portant la main a sa joue ou les ongles de la jeune femme avaient trace cinq sillons sanglants, voulut reculer, mais elle s'accrochait a lui de toutes ses forces, cher chant a atteindre les yeux, poussee par un instinct de destruction aussi vieux que la terre, l'instinct animal de la femelle dont on attaque le male.

Quand deux hommes parvinrent enfin a l'arracher de sa proie, le visage de Valette etait rouge vif et il beuglait comme un porc egorge. Mais, aux mains des hommes d'armes, Catherine ecumait encore de fureur, crachant le feu comme un petit fauve en colere et cherchant a griffer et a mordre. Epongeant le sang qui coulait sur sa dalmatique, le routier marcha sur elle.

— Bougre de charogne !... gronda-t-il... Qui es-tu ?

— Ma femme ! fit Arnaud aimablement. (Puis il ajouta, un demi-sourire etirant son visage blesse :) Quand donc prendras-tu l'habitude de m'obeir, Catherine, et de rester a la maison quand je le desire...

— Quand tu cesseras de courir un danger quelconque !

— Il va cesser bientot, vous n'avez besoin que d'un peu de patience ! grimaca Valette. Juste quelques instants encore et vous serez a jamais delivres de vos soucis. Allons, vous autres, enchainez-moi ces deux-la sur le bucher ! J'ai horreur des choses qui ne servent a rien.

La foule gronda de colere. Mais deux soldats leverent leurs lances : deux hommes tomberent, transperces...

Irresistiblement, avec une effrayante brutalite, les autres entrainaient deja Catherine et Arnaud vers le bucher... Les yeux de la jeune femme etaient agrandis d'horreur devant cette mort affreuse qui les attendait. Elle cria :

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