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Catherine des grands chemins - Бенцони Жюльетта (книги полные версии бесплатно без регистрации TXT) 📗

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Isabelle de Montsalvy mourut au lendemain de la Saint-Michel, sans souffrance et sans agonie, presque paisiblement.

Elle avait eu, a la veille de sa mort, une derniere joie : celle de voir son petit-fils recevoir pour la premiere fois les hommages de ses vassaux...

Saturnin, en effet, en tant que bailli et en accord avec les notables de Montsalvy, avait decide que, pour le jour de sa fete, l'enfant serait reconnu officiellement seigneur de la petite cite... Maintenant que le Roi avait rendu aux Montsalvy leurs titres et leurs biens, la date du 29

septembre avait paru, a l'excellent homme, tout indiquee pour cette solennite, d'autant plus qu'elle coincidait avec la fete des bergers qui, chaque annee a pareille epoque, rassemblait sur le plateau de Montsalvy tous les gardeurs de moutons de toute la region.

Ce jour-la, on avait dresse sur la place du village, a la porte de l'eglise, un banc seigneurial surmonte d'un dais aux couleurs de la famille et, apres la messe solennelle dite par l'abbe Bernard, Michel et sa mere s'y installerent pour recevoir l'hommage de leurs vassaux revetus pour la circonstance de leurs plus beaux vetements. Saturnin, habille de fin drap brun, portant une chaine d'argent au cou, avait offert sur un coussin les epis de ble des champs et les raisins des treilles. Il avait fait un beau discours, un peu embrouille peut-etre, mais que chacun avait juge superbe, puis tous les habitants de Montsalvy, tous les paysans des fermes d'alentour etaient venus, un a un, baiser la menotte de Michel. L'enfant riait de joie, heureux du beau costume de velours blanc dont Sara l'avait pare, mais s'interessant visiblement beaucoup plus a la chaine d'or et de topazes que sa mere lui avait passee au cou. La ceremonie etait un peu longue, a vrai dire, pour un petit seigneur qui n'avait pas deux ans. Mais les danses des bergers et les luttes a main nue auxquelles ils se livrerent ensuite dechainerent son enthousiasme. Grimpe sur son siege, malgre les efforts de Catherine qui faisait tout ce qu'elle pouvait pour le retenir, Michel s'agitait comme un petit diable dans un benitier. Tout pres de lui, sa grand-mere, que l'on avait apportee sur un brancard et installee sous un velum pour qu'elle puisse assister a la fete, le regardait avec adoration.

La journee s'acheva par un grand feu de joie, allume sur le plateau par Michel lui-meme dont Catherine guidait la main. Puis, tandis que garcons et filles attaquaient bourrees et caroles sur l'herbe encore verte, au son aigre des cabrettes, on emporta au lit le nouveau seigneur extenue qui, d'ailleurs, dormait deja depuis un moment, sa tete blonde nichee contre l'epaule de Sara.

Toute la nuit, Catherine entendit chanter et danser ses vassaux, heureuse de leur joie que son deuil austere ne parvenait pas a ternir.

Sa tristesse profonde, elle l'avait cachee tout le jour pour ne pas leur montrer combien cette fete lui etait cruelle. L'avenement de Michel repoussait son pere dans le passe, ce pere dont, depuis un mois et demi, personne ne savait plus rien.

Mais, au matin suivant, les bonnes gens de Montsalvy, qui s'etaient endormis, fort tard il est vrai, si joyeux et si contents de vivre, furent reveilles par les battements lugubres du glas et apprirent ainsi que leur vieille chatelaine avait cesse de vivre...

Sara, en lui portant, au matin, un bol de lait, l'avait trouvee morte dans son lit. Isabelle etait etendue bien droite, les yeux clos, les mains jointes sur son chapelet, et, sur les doigts pales, un rayon de soleil faisait etinceler l'emeraude de la reine Yolande. Sara etait d'abord restee un instant au seuil de la chambrette, stupefaite par l'extraordinaire beaute de la morte. Les ravages de la maladie avaient disparu, laissant le visage lisse et detendu, infiniment plus jeune que la veille. Ses cheveux blancs l'encadraient, en deux nattes epaisses, et sa ressemblance avec ses fils etait redevenue frappante.

Sara s'etait signee puis, deposant son ecuelle de lait a la porte, elle etait entree chez Catherine qui avait fini par s'endormir au petit matin.

Elle l'avait secouee doucement. Et comme la jeune femme, avec un sursaut nerveux, se dressait sur son seant et la regardait avec les yeux effares de quelqu'un que l'on eveille brusquement, elle avait murmure

: — Dame Isabelle a cesse de souffrir, Catherine. Il faut que tu te leves. Moi, je vais aller prevenir l'abbe. Pendant ce temps, enleve Michel de la chambre voisine et confie-le a Donatienne. La mort n'est pas un spectacle pour un enfant.

Catherine avait obei, comme une somnambule. Depuis son retour, elle s'attendait a cette fin. Elle savait que la vieille dame la desirait comme une delivrance et sa raison lui soufflait qu'il ne fallait pas s'en attrister, qu'Isabelle enfin avait gagne la paix. Mais la raison ne pouvait rien contre le chagrin brusque qui l'envahissait... Elle decouvrait que la presence d'Isabelle lui etait plus precieuse qu'elle ne le croyait. Tant qu'avait vecu la mere d'Arnaud, Catherine avait eu quelqu'un avec qui parler de l'absent, quelqu'un qui le connaissait encore mieux qu'elle-meme, dont les souvenirs etaient intarissables. Et voila que cette voix douce s'etait tue, elle aussi, aggravant encore la solitude de celle qui restait... Arnaud avait disparu, Gauthier, depuis un mois, s'etait enfonce dans l'inconnu et, maintenant, c'etait Isabelle...

Quand, un moment plus tard, elle eut fait, avec l'aide de Sara, la derniere toilette de la defunte, toutes deux demeurerent debout au pied du lit ou elle reposait, vetue de l'habit religieux des Clarisses dans lequel, depuis longtemps deja, Isabelle avait exprime le desir de dormir son dernier sommeil. L'austerite des amples vetements noirs lui conferait une extraordinaire majeste et, sous leurs paupieres violettes, les yeux semblaient prets a se rouvrir.

Tres doucement, en lui passant l'habit, Catherine avait ote du doigt d'Isabelle l'emeraude gravee dont la splendeur profane n'etait plus compatible avec le vetement monastique. Puis, avec Sara, elle avait longuement contemple la morte avant de s'agenouiller pour les premieres prieres, au moment precis ou arrivait l'abbe precede de deux clercs portant l'encensoir et le benitier.

Les trois jours qui suivirent se deroulerent pour la jeune femme comme un reve lugubre. Le corps fut expose dans le ch?ur de l'eglise, veille par des moines. Mais Catherine, Sara et Donatienne se relayerent sur le coussin pose au pied du catafalque. Pour Catherine, ces heures de veille dans l'eglise silencieuse avaient quelque chose d'irreel. Les moines qui encadraient le corps, debout, le capuchon baisse jusqu'a la bouche et les mains au fond de leurs larges manches, avaient l'air de fantomes et la lumiere tremblante des gros cierges de cire jaune donnait a leur immobilite quelque chose d'effrayant. Pour echapper a cette vague terreur qu'elle eprouvait, Catherine s'efforcait de prier, mais les mots venaient mal... Elle ne savait plus comment s'adresser a Dieu. Aussi trouvait-elle plus facile de s'adresser tout simplement a la defunte.

— Mere, chuchotait-elle tout bas, la ou vous etes parvenue, tout doit etre tellement plus simple, tellement facile... Aidez-moi ! Faites qu'il me revienne ou que, du moins, il sache que je n'ai jamais cesse de l'aimer ! J'ai tant de peine !...

Mais le visage de cire demeurait immobile et le demi- sourire des levres closes gardait son mystere. Le c?ur de Catherine, a mesure que passait le temps, se faisait plus lourd.

Au soir du quatrieme jour, le corps d'Isabelle de Ventadour, dame de Montsalvy, fut descendu au tombeau en presence de tout le pays.

Derriere les grilles de bois de leur cloture, les voix fortes des moines de l'abbaye chantaient le Miserere. Et Catherine, sous les voiles de deuil qui, ce soir, prenaient une nouvelle et double signification, regarda disparaitre sous les dalles de pierre de l'eglise la forme frele de celle qui, trente-cinq ans plus tot, avait donne le jour a l'homme qu'elle adorait.

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