Том 6. Художественная проза - Пушкин Александр Сергеевич (книги читать бесплатно без регистрации txt) 📗
Il est defendu aux Yezidis d'ajuster leurs moustaches avec des ciseaux, ils doivent les laisser croitre naturellement: aussi y en a-t-il parmi eux dont on apercoit a peine la bouche.
Cette secte a aussi ses satrapes, qui sont connus du cote d'Alep sous le nom de fakiran, et que le vulgaire appelle karabasche, parce qu'ils portent sur la tete un bonnet noir avec des bandelettes de meme couleur. Leur manteau ou aba, est pareillement noir, mais leurs habits de dessous sont blancs. Ces gens-la sont en tres petit nombre; partout ou ils vont, on leur baise les mains, et on les recoit comme des ministres de benediction, et des presages de bonne fortune. Quand on les appelle aupres d'un malade, ils lui imposent les mains sur le cou et sur les epaules et sont bien recompenses de leurs peines. S'ils sont mandes pour assurer a un mort le bonheur dans l'autre monde avant de vetir le cadavre, ils le dressent sur ses pieds, et lui touchent legerement le cou et les epaules; ensuite ils le frappent de la paume de la main droite, lui adressant en meme temps ces mots en langue kourde, ara behescht, c'est-a-dire vas en paradis. Ils sont cherement payes pour cette ceremonie, et ne se contentent point d'une modique retribution.
Les Yezidis croient que les ames des morts vont dans un lieu de repos, ou elles jouissent d'un degre de felicite plus ou moins grand, en proportion de leurs merites; et qu'elles apparaissent quelquefois en songe a leurs parents et a leurs amis, pour leur donner avis de ce qu'elles desirent. Cette croyance leur est commune avec les Turcs. Ils sont persuades aussi qu'au jour du jugement universel, ils s'introduiront dans le paradis, les armes a la main.
Les Yezidis sont partages en plusieurs peuplades ou tribus, independantes les unes des autres. Le chef supreme de leur secte n'a d'autorite, pour le temporel, que sur la seule tribu: neanmoins, lorsque plusieurs tribus sont en different les unes avec les autres, il est de son devoir d'employer sa mediation pour les concilier, et il est rare que les efforts qu'il fait pour cela ne soient pas couronnes d'un heureux succes. Quelques-unes de leurs tribus demeurent dans les domaines du prince Gioulemerk, d'autres dans le territoire du prince de Gezireh; il y en a qui font leur residence dans les montagnes dependantes du gouvernement de Diarbekir, d'autres sont dans le ressort du prince d'Amadia. Du nombre de ces dernieres est la plus noble de toutes les tribus, qui est connue sous le nom de scheikhan, et dont le scheikh, qu'ils appellent mir, c'est-a-dire, prince est le chef supreme de la religion, et le gardien du tombeau du scheikh Adi. Les chefs des villages occupes par cette tribu descendent tous d'une meme famille, et pourraient se disputer la primatie, s'il survenait entre eux quelque division. Cependant entre toutes leurs peuplades, la plus puissante et la plus redoutable est celle qui habite la montagne de Singiar, entre Moussol et le fleuve Khabour, et qui est divisee entre deux scheikhs, dont l'un commande a la partie du Levant, et autre a celle du Midi. La montagne du Singiar fertile en diverses sortes de fruits, est d'un acces tres difficile, et la peuplade qui l'occupe met sur pied plus de six mille fusiliers, sans compter la cavalerie armee de lances. Il ne se passe guere d'annee, que quelque grosse caravane ne soit depouillee par cette tribu. Les Yezidis de cette montagne ont soutenu plusieurs guerres contre les pachas de Moussol et de Bagdad; dans ces occasions, apres qu'il y a eu beaucoup de sang repandu de part et d'autre, le tout finit par s'arranger moyennant de l'argent. Ces Yezidis sont redoutes en tout lieu, a cause de leur cruaute: lorsqu'ils exercent leurs brigandages armes, ils ne se bornent pas a depouiller les personnes qui tombent entre leurs mains, ils les tuent toutes sans exception; si dans le nombre il se trouve de scherifs, descendants de Mahomet, ou des docteurs musulmans, ils les font perir d'une maniere plus barbare, et avec plus de plaisir, croyant acquerir par-la un plus grand merite.
Le Grand-Seigneur tolere les Yezidis dans ses etats, parce que, suivant l'opinion des docteurs mahometans, l'on doit considerer comme fidele et vrai croyant, tout homme qui fait profession des dogmes fondamentaux il n'y a point d'antre Dieu que Dieu, et Mahomet est l'apotre de Dieu, quoique d'ailleurs il manque a tous les autres preceptes de la loi musulmane.
D'un autre cote les princes kurdes souffrent les Yezidis pour leur interet particulier: ils tachent meme d'attirer un plus grand nombre de tribus de cette nation, dans leurs domaines; car les Yezidis etant d'un courage a toute epreuve, bons soldats tant de pied que de cheval, et tres-propres a faire un coup de main et a piller de nuit les campagnes et les villages, ces princes s'en servent avec beaucoup d'avantage, soit pour reduire celles des tribus mahometanes de leur ressort qui leur refusent l'obeissance, soit pour combattre les autres princes, quand ils sont en guerre avec eux. D'ailleurs les Mahometans sont dans la ferme persuasion que tout homme qui perit de la main d'un de ces sectaires, meurt martyr; aussi le prince Amadia a-t-il soin de tenir toujours aupres de lui un bourreau de cette nation, pour executer les sentences de mort contre les Turcs. Les Yezidis ont la meme opinion relativement aux Turcs, et la chose est reciproque: si un Turc tue un Yezidi, il fait une action tres agreable a Dieu, et si un Yezidi tue un Turc, il fait une њuvre tres-meritoire aux yeux du grand scheikh, c'est-a-dire du Diable. Lorsque le bourreau d'Amadia est demeure quelques annees au service du prince, il quitte son emploi, afin qu'un autre puisse, en lui succedant, acquerir le meme merite; et en quelque lieu que le bourreau, apres avoir resigne c'ette charge, se presente chez les Yezidis, on le recoit avec veneration, et on baise ses mains, sanctifiees par le sang des Turcs. Les Persans au contraire, et tous les Mahometans attaches a la secte d'Ali, ne souffrent point de Yezidis dans leurs etats; bien plus, il est defendu parmi eux de laisser la vie a ces sectaires.
Il est permis aux Turcs, lorsqu'ils sont en guerre avec les Yezidis, de faire esclaves leurs femmes et leurs enfants, et de les garder pour leur propre usage, ou de les vendre; les Yezidis n'ayant pas la meme permission a l'egard de Turcs, font tout perir. Si un Yezidi veut se faire Turc, il suffit, pour toute profession de foi, qu'il maudisse le Diable, et ensuite qu'il apprenne a son aise a faire les prieres a la maniere des Turcs: car les Yezidis recoivent la circoncision huit jours apres leur naissance.
Tous les Yezidis parlent la langue kurde; il y en a parmi eux qui savent le turc ou l'arabe, parce qu'ils ont souvent occasion de frequenter des personnes qui parlent l'une ou l'autre de ces langues, et a cause de l'avantage qu'ils trouvent a traiter leurs propres affaires avec plus de surete, en ne se servant point d'interpretes.
Sans doute les Yezidis ont bien d'autres erreurs ou superstitions, mais comme ils n'ont aucun livre, celles que j'ai exposees sont les seules dont j'aie pu me procurer la connaissance. D'ailleurs beaucoup de choses, chez eux, sont sujettes a changer, en consequence des pretendues revelations de leur kotchek, ce qui augmente la difficulte de connaitre a fond leur doctrine.
I. Заметка о секте Езидов (перевод)
Из многих сект, возникших в Месопотамии среди мусульман после смерти их пророка, нет ни одной, которая была бы столь же ненавистна для всех прочих, как секта езидов. Имя езидов происходит от шейха Едиза, основателя их секты и заклятого врага рода Али. Учение, которое они исповедуют, есть смесь манихейства, магометанства и верований древних персов. Оно сохраняется среди них по преданию и переходит от отца к сыну без помощи какой бы то ни было книги; ибо им запрещено обучаться чтению и письму. Это отсутствие книг и есть, без сомнения, причина того, что магометанские историки говорят об этой секте лишь вскользь, называя этим именем людей, погрязших в богохульстве, жестоких, диких, проклятых богом и изменивших вере своего пророка. Вследствие этого о верованиях езидов нельзя получить никаких точных сведений, кроме того, что удастся в настоящее время наблюдать в их среде.